Michel était issu d’une famille très pauvre d’Abobo, un quartier d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Le jeune garçon était d’une famille nombreuse de 12 enfants de plusieurs mères. Son père, petit fonctionnaire, ne percevait qu’un maigre salaire alors que sa mère elle n’était qu’une femme au foyer qui ne cessait de faire de petits commerces sans grands succès pour aider son mari à entretenir leur petite tribu.
Michel, un homme sauvé de la guerre par l’amour
Dans la famille de Michel, l’extrême pauvreté faisait qu’il n’y avait qu’un repas au quotidien. Qui manquait celui-là devait repasser le lendemain…, ils appellent cela « la foudre» qui ne tombe jamais deux fois au même endroit. Parfois, pour augmenter la portion de nourriture de chaque enfant, c’est la mère qui passait son tour. Cette situation pesait si fortement sur le jeune Michel qu’il décida d’abandonner l’école pour les petits boulots.
Dans une Côte d’Ivoire où les politiciens ne se préoccupaient que de conserver leur pouvoir et pour les autres d’y accéder, il valait mieux ne compter que sur soi.
Depuis la devanture du magasin où il stationnait les véhicules des clients pour espérer des pourboires, Michel se rendait compte chaque jour de la classe d’écart qui séparait sa vie à celle des clients pour qui il était transparent. Cette situation lui était insupportable, mais il n’avait que ce boulot pour échapper à la vie de drogué-désœuvré à laquelle se livraient beaucoup de ses camarades.
Un soir, alors qu’il était en train d’aider les salariés du magasin à baisser les rideaux, il aperçoit une jeune belle fille traversant dans le noir le chic quartier du plateau pas vraiment sécurisé à cette époque-là. Il a vite compris que toute seule elle courait le risque de se faire agresser et décida d’anticiper en se proposant de la raccompagner. Bien qu’effrayée, la jeune fille acceptait de se faire raccompagner par Michel jusqu’à un taxi.
Il profite de l’occasion pour faire la connaissance de cette fille d’origine angolaise vivant à Marseille qui n’était en Côte d’Ivoire que pour une mission humanitaire. Deux jours après leur rencontre, il n’avait pas de téléphone mobile à cette époque, Samira (le nom de cette jeune fille) vient devant le magasin où se débrouille Michel. Elle lui fait une tape sur l’épaule alors qu’il essayait d’aider un client à stationner son véhicule sous le chaud soleil d’Abidjan tout trempé de sueur. 💦 et ne sentant pas très bon.
Samira cherche à lui faire la bise, ce qui le gêne profondément, car dans son quartier, ce type de gestes d’affection n’étaient pas courants, encore moins avec des personnes d’un niveau social plus élevé. Elle lui demande de faire une pause le temps de manger ensemble.
Là, les futurs amoureux se rapprochent… Mais très vite, Samira qui commençait à améliorer le quotidien de Michel doit retourner en France, une situation qui le rend très triste. Elle promet de l’aider à la rejoindre en France, son rêve.
2 ans de relation distante plus tard, Samira lui annonce leur rupture, mais promet de tenir sa promesse, chose à laquelle il ne croit que très modérément. Michel vie très mal la situation, mais trouve consolation auprès de sa mère. Face à la situation financière qui se dégradait de plus en plus dans la famille, il reprend son petit boulot. Près de 8 mois après, alors qu’il n’avait plus de nouvelles de son ex-copine, il reçoit une lettre qui était en réalité une invitation à passer 2 semaines de stage dans une association de réinsertion sociale à Marseille. Samira avait persuadé son responsable à qui elle avait raconté son histoire avec Michel de l’aider.
Des instructions dans la lettre lui indiquaient dans quelle agence de voyages récupérer son billet d’avion, sa lettre de prise en charge et un chèque de voyage pour son argent de poche, nécessaire pour la demande d’un visa. Michel qui avait déjà fait son passeport depuis un moment effectue rapidement ces courses et est prêt à partir pour Marseille.
Il parle de son voyage à sa mère et lui fait une promesse « Je m’en vais chère maman pour réaliser mon rêve de t’offrir une vie meilleure. Prie pour moi afin que tout se passe bien et vite pour me permettre de changer ta situation ». Sa mère déjà très heureuse de la nouvelle le bombarde de bénédictions à n’en plus finir. Elle exige de passer toute la soirée a ses côtés parce qu’elle veut savourer toutes les dernières secondes de son fils sur le sol abobolais.
Michel s’envole pour Marseille et retrouve Samira et son compagnon a l’aéroport. Elle lui avait trouvé un hébergement dans un centre de réinsertion. Elle l’aide à obtenir plusieurs fois la prolongation de son séjour par la préfecture de Marseille jusqu’à son obtention d’un permis de travail. Michel, après 9 mois en France, commence à gagner ses premiers sous qu’il se dépêche d’expédier en’partie à sa mère qui en avait bien besoin.
Michel s’insère très vite socialement en France et se prend un petit appartement. Lui l’enfant d’Abobo vivait en France dans des rues encore plus propres et belles que celles dû Plateau qui le faisait tant rêver.
Le jeune homme prend bien soin de lui, fait des formations et se développe bien à tant que personne. Suite à des scènes de jalousie du compagnon de Samira qui est pourtant un homme gentil, il décide de quitter Marseille pour Paris afin d’éviter des problèmes à « sa soeur » comme il aimait à l’appeler.
À peine Michel arrivait a trouver un logement à Paris qu’on lui annonçait le décès de son père. Il ne peut même pas retourner en Côte d’Ivoire 🇨🇮 assister à ses funérailles à cause des problèmes d’argent qu’il avait. Les loyers coûtent cher à Paris et donc il lui faut deux boulots pour subvenir à ses besoins et aider sa mère à s’en sortir avec ses frères et sœurs restés au pays. La situation est difficile et pourtant on lui annoncera régulièrement l’extrême état de fatigue de sa mère.
Il décide 2 ans plus tard d’aller en Côte d’Ivoire pour essayer de ramener sa mère en France pour des soins. Il ne parvient pas à lui obtenir le visa et se voit obligé de la laisser sur place. Alors qu’il est toujours entre deux boulots pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille restée sur place, la Situation sociopolitique en Côte d’Ivoire 🇨🇮 où le président en place faisait face à une rébellion armée se dégrade.
Le quartier d’Abobo où se trouvait sa mère est infiltré par des combattants surnommés « Commandos invisibles » qui empêchent les populations de sortir. Dans une guerre de communication entre le gouvernement et les insurgés, chacun affirme secourir la population pourtant cette partie du pays plonge dans un chaos sans précédent.
Michel apprendra la mort de plusieurs de ses camarades et frères investis dans l’autodéfense de leur quartier du fait de représailles des insurgés qui régnaient en grands maîtres sur le secteur. Sa pauvre maman profondément affectée par la situation voyait son état de santé se dégrader jour après jour. Aucun moyen de lui faire parvenir de l’argent pour subvenir à ses besoins et encore moins pour acheter des médicaments. De toute façon le pays était sous embargo de médicaments et les stocks rares n’étaient plus accessibles à cette partie de la population qui ne pouvait plus mettre le pied dehors. Des viols de filles par les insurgés et les exactions, assassinats se multipliaient.
Michel est au plus mal puisqu’il n’a plus aucune nouvelle de sa famille. Il voudrait bien retourner en Côte d’Ivoire, mais les vols à destination d’Abidjan sont interrompus. Totalement angoissé et accroché à son téléphone au quotidien, il reçoit un jour un appel d’un numéro débutant par +225…, c’était sa mère qui voulait lui parler avant que n’advienne que pourra. « Mon fils écoute moi. Tu as fait ce que tu as pu et de toute façon tu n’aurais pas pu faire plus dans la situation actuelle de guerre du pays. Même si personne ne sait comment ça va se terminer pour nous, je voudrais que tu saches une chose, tu es le principal rayon de soleil ☀ qui a brillé dans notre sombre vie tes frères et moi. Je n’ai pas besoin de te le dire pour que tu le saches, mais je le fais quand même : je t’aime très fort. Prends soin de toi et sache que quoiqu’il arrive je ne te quitterai jamais parce que tu es une partie de moi. Reste là où tu es et ne reviens pas ici maintenant.»
Michel a compris là que les heures à venir seraient les plus difficiles de sa vie. Dans l’état d’extrême panique dans laquelle il se trouvait, a peine avait-il pu lancer à sa mère « Maman j’ai peur, maman je t’aime, maman reste avec moi s’il te plaît. Maman… 😢 😭… » il entendit un déchirant « snif… 😭 » de sa mère qu’il n’avait jamais entendu pleurer auparavant, juste avant l’arrêt de la communication.
Michel multiplie les tentatives de nouer le contact sans succès puisqu’il n’y avait plus de tonalité. Plusieurs semaines passent et la guerre prend fin avec l’arrivée au pouvoir de l’opposant soutenu par les anciens rebelles et la France.
La préoccupation de Michel est de renouer le contact avec sa famille, mais sans succès. Toujours aucun signal jusqu’à ce jour où un proche de la famille lui téléphone pour lui annoncer le viol et le massacre de sa mère, ses sœurs et ses frères par les insurgés.
Michel était un homme dévasté, vidé de toutes ses forces. Il se disait qu’il a échoué dans sa mission de sortir sa mère un jour de la misère. Le jeune homme culpabilisait en disant qu’elle serait peut-être encore vivante s’il n’était jamais parti de Côte d’Ivoire. Il est passé de psy en psy pour essayer de se reconstruire, mais son cœur n’y était pas vraiment.
Retourné à Marseille se rapprocher de « sa sœur » Samira, il s’est donné à Dieu et s’est marié avec elle après sa séparation avec son ex-compagnon devenu violent et alcoolique.
Ils ont eu deux enfants, une fille et un garçon, et vivent à présent le parfait amour.
Quand on n’a plus personne, on a toujours Dieu !
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3 réponses sur “Histoire vraie « Je l’aime et je l’aimerai toute ma vie »”
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